Lutter contre les silences est une façon très efficace de prévenir et enrayer le phénomène du bouc émissaire.
En effet le groupe, pris dans l’engrenage du processus cyclique du bouc émissaire (« processus de réconciliation momentanée fondé sur l’exclusion et la substitution » -Rémi Casanova 2012) s’accommode et se nourrit des silences pour poursuivre son chemin. A différents moments du cycle, les silences sont plus ou moins installés, prégnants … lourds. Quels sont ces silences ?
Silence de la victime qui, une fois affaiblie, n’ose pas dénoncer les accusateurs, par crainte ou peur parfois, par ignorance de ce qu’elle subit, par culpabilité également.
Silence des accusateurs, des persécuteurs qui ne se vantent que rarement, même entre eux, de ce qui se passe. S’ils accusent parfois ouvertement la victime, ils font silence, par ignorance le plus souvent, sur les cause profondes qui les meuvent.
Silence sur les obstacles que rencontre le groupe : ces obstacles, autant de difficultés non résolues qui se muent en antagonismes réels puis en tabous institutionnels, éléments fondamentaux qui expliquent le développement du phénomène.
Silence des responsables hiérarchiques qui subissent le phénomène lorsqu’ils ne l’instrumentalisent pas, sachant qu’ils sont des victimes potentielles ou que « diviser pour régner » est une stratégie classique du management à court terme.
Silence de l’humanité qui, confrontée à ses divisions et rivalités internes depuis la nuit des temps, ne parvient pas ou ne souhaite pas créer les conditions de la complémentarité et de la coopération, refuse de se regarder à l’œuvre dans ses logiques de survie par l’exclusion et le sacrifice.
Et enfin silence de …. nous vous laissons le découvrir…
Alors, alors :
Aidons la victime à exprimer ce qu’elle vit ; soutenons-là dans sa lutte contre la stigmatisation et l’exclusion.
Empêchons et dénonçons les accusateurs et leurs accusations.
Nommons, attaquons et réglons du mieux possible les problèmes là où ils se situent, avec courage, détermination et modestie. Ne laissons pas les tabous s’installer et devenir la justification opérationnelle du phénomène du bouc émissaire.
Développons une éthique du management et un courage managérial.
Alertons, informons, formons inlassablement … des études anthropologiques aux savoirs sur les comportements institutionnels, sociaux et individuels, nous pouvons éviter certains pièges qui mènent à la désignation du bouc émissaire ; nous pouvons faire le pari que si le phénomène est inévitable, ses conséquences ne sont pas inéluctables !
Et enfin, si vous avez découvert le dernier des silences, vous trouverez aisément la réponse…