Différer le mal, Stéphane Vinolo

Différer le mal : la logique du bouc émissaire,

Stéphane VINOLO,

Sens-Dessous

2/2011 (N° 9) , p. 56-66

Observatoire du bouc émissaire : différer le mal par Stéphane Vinolo

Observatoire du bouc émissaire recommande : différer le mal par Stéphane Vinolo

Le plan de l’article propose deux parties :

  1. La logique de l’indifférenciation : du désir mimétique à la violence unanime
  2. Le sacrifice ou le bouc émissaire comme institution

Le texte commence ainsi :

Le problème fondamental auquel doivent faire face les groupes humains est sans aucun doute celui de la violence. Nous pouvons le constater jusque dans notre quotidien le plus banal: les autres problèmes ne deviennent réellement pressants que lorsque ceux-ci commencent à laisser poindre la violence qui sans cesse nous guette. Il faut vivre dans nos sociétés européennes en grande partie protégées, pour avoir oublié à quel point la violence est le problème le plus important de tous, il met en danger l’existence même du groupe en fragilisant les fondements du vivre ensemble. Regardons par exemple combien les problèmes sociaux ou économiques font l’objet d’une tout autre attention, lorsque les revendications sont portées par des mouvements violents, ou tout au moins des mouvements dont nous pensons qu’ils pourraient engendrer quelque violence. La violence est ainsi le problème fondamental que nous pose « l’être-ensemble ». p.56

Quelques passages :

« À l’aide des thèses de René Girard, nous nous proposons ici de présenter une réponse : la logique du bouc émissaire. Celle-ci repose pleinement sur l’idée selon laquelle, puisque nous ne pouvons faire obstacle à la violence en l’affrontant directement – ce qui ne ferait que rajouter de la violence à la violence –, nous n’avons d’autre « choix » que de la déplacer, que de la différer sur un individu, qui l’absorbera en sa totalité et redessinera, par son statut paradoxal de coupable et de victime, les structures et les différences néces­saires à la paix du groupe. » p.58

« Afin de comprendre comment la question de la violence trouve sa résolution dans la logique du bouc émissaire, il faut d’abord comprendre les racines de la violence elle-même. » p.58

« Le mimétisme est donc pacifique et peut contribuer à rapprocher les individus sauf lorsque celui-ci s’applique aux désirs. Toute la littérature et le cinéma sont riches d’exemples à cet égard : deux jeunes filles ou deux jeunes garçons qui sont les meilleurs amis du monde, qui partagent les mêmes intérêts, les mêmes passions, les mêmes projets, font absolument tout ensemble et tout comme l’autre, jusqu’au jour où, atteignant l’adolescence, ils se mettent à désirer et à aimer la même personne. Ceux qui étaient alors les meilleurs amis au monde deviennent en quelques secondes les pires ennemis. Le rapprochement, tout à coup, les éloigne. » p.59

« Comme le note Charles Ramond, la violence est une « violence du même ». Nous sommes pourtant habitués à croire que la violence provient d’un manque de tolérance et, donc, d’un refus de la différence. » p.59

Le texte complet : ici