Charles Pathé et son bouc émissaire : Bernard Natan
Charles Pathé et son bouc émissaire : Bernard Natan, un article d’ André ROSSEL-KIRSCHEN, dans la revue 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, Revue de l’association française de recherche sur l’histoire du cinéma, en son numéro 55 varia, paru en 2008, en pages 155 à 168.
Un texte particulièrement intéressant qui fait suite à une polémique à laquelle ne participe pas l’Observatoire du bouc émissaire mais le concerne au titre de son intérêt pour la thématique qu’elle développe.
Les Bla Bla du Bouc
« Certes, à cette époque Bernard Natan avait déjà été l’objet de nombreuses calomnies et de dénonciations d’irrégularités (qui dans quelques cas étaient réelles), mais la présentation faite par Charles Pathé ajoute à la calomnie. » p.168.
Le texte commence par ceci : « Pierre Lherminier a eu l’excellente idée de rééditer sous le titre Écrits autobiographiques1 deux textes de Charles Pathé qui apportent des informations importantes sur l’histoire des débuts de cinéma. Ces deux textes hors commerce (et qui n’avaient pas fait l’objet du dépôt légal) avaient été imprimés respectivement à 75 et 1 000 exemplaires. De ce fait, ils étaient peu accessibles aux historiens actuels et, plus généralement, à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des débuts du cinéma. Ces deux textes font l’objet d’une annotation pertinente et d’une chronologie très détaillée. Ils seront d’un grand secours à ceux qui s’intéressent à une époque où le cinéma français dominait le monde. »
et se termine par ceci : « Contrairement au premier livre tiré seulement à 75 exemplaires et destiné vraisemblablement à la famille ou à des amis proches, le second volume est imprimé à mille exemplaires. Cela permettra de l’adresser à tous ceux qui peuvent être intéressés par l’histoire de la grande société. Certes, à cette époque Bernard Natan avait déjà été l’objet de nombreuses calomnies et de dénonciations d’irrégularités (qui dans quelques cas étaient réelles), mais la présentation faite par Charles Pathé ajoute à la calomnie. Le but est atteint. On retrouve dans de nombreux ouvrages actuels sa thèse : Pathé Cinéma était, lorsqu’il l’a abandonnée, une affaire prospère ruinée par un successeur malhonnête. »
Il fait l’objet d’une note de la rédaction : « À la suite de la réédition des Écrits autobiographiques de Charles Pathé, André Rossel-Kirschen – qui avait publié il y a plusieurs années une étude sur l’« affaire Pathé-Natan » (Pathé Natan, la véritable histoire, Paris, Pilote 24, 2004) –, nous avait adressé une « mise au point » qui excédait largement un compte rendu d’ouvrage et dont nous avions différé la publication cherchant, avec son auteur, à lui donner un format plus conforme à nos rubriques. Mais au début de cette année, André Rossel-Kirschen est décédé.
Rossel était le pseudonyme qu’il s’était choisi dans la Résistance, du nom d’un communard fusillé par les Versaillais. En 1941, alors âgé de quinze ans, ce membre des Bataillons de la jeunesse, participa aux débuts de la résistance armée en abattant un officier allemand à la station de métro Porte-Dauphine. Arrêté le 9 mars 1942, à la suite d’un attentat raté contre une exposition antibolchévique salle Wagram, torturé par la police de Vichy, il échappa au poteau d’exécution du Mont-Valérien en raison de l’émotion que les exécutions massives d’otages à Châteaubriant, Bordeaux et Paris avaient alors déclenchée. Son frère et son père furent exécutés par les nazis en 1942 tandis que, condamné à dix ans de prison par un tribunal allemand, il était déporté à Anrath en Allemagne, et libéré le 10 avril 1945 (Voir ses entretiens avec Gilles Perrault, la Mort à quinze ans, Paris, Fayard, 2005). »