La violence et le sacré, un livre de René GIRARD, publié à Paris, chez Grasset, en 1972
On y trouve, sur le sacrifice : « Dans un univers où le moindre conflit peut entraîner des désastres […], le sacrifice polarise les tendances agressives sur des victimes réelles ou idéales, animées ou inanimées mais toujours non susceptibles d’être vengées… Il fournit à un appétit de violence dont la seule volonté ascétique ne peut venir à bout un exutoire partiel certes, temporaire, mais indéfiniment renouvelable et sur l’efficacité duquel les témoignages concordants sont trop nombreux pour être négligés. Le sacrifice empêche les germes de violence de se développer. »(p. 35).
Sur le désir mimétique : « Le désir est essentiellement mimétique, il se calque sur un désir modèle ; il élit le même objet que ce modèle. »(p. 205)
Une approche détaillée et critique du livre : ici
Le compte-rendu du blog « le conflit » : ici
Le compte-rendu sur Persée.fr (revue l’Homme et la société) : ici
La note bibliographique de la revue de l’histoire des religions : ici
« le sacrifice se présente de deux façons opposées, tantôt comme une « chose très sainte » dont n ne saurait s’abstenir sans négligence grave, tantôt au contraire comme une espèce de crime qu’on n saurait commettre sans s’exposer à des risques également très graves » p.9
« Hubert et Mauss dans leur Essai sur la nature et la fonction du sacrifice invoquent le caractère sacré de la victime. Il est criminel de tuer la victime parce qu’elle est sacrée…mais la victime ne serait pas sacrée si on ne la tuait pas. » p.9
« mais le sacrifice et le meurtre ne se prêteraient à ce jeu e substituions réciproques s’ils n’étaient pas apparentés »p.10
« il y a un mystère du sacrifice » p.10
« le mécanisme physiologique de la violence varie fort peu d’un individu à l’autre et même d’une culture à l’autre. selon Anthony Storr, dans Human Aggression (Atheneum, 1966) »p.10
« Storr remarque qu’il est plus difficile d’apaiser le désir de violence que de le déclencher (…) « p.11
« (…) la violence « irrationnelle ». elle ne manque pourtant pas de raison » p.11
« si bonne que soient ces raisons, elle ne mérite jamais qu’on les prenne au sérieux. la violence elle-même va les oublier pour peu que l’objet initialement visé demeure hors de portée et continue à la narguer. la violence inassouvie chercher et finit toujours par trouver une victime de rechange » p.11
« A la créature qui excitait sa fureur, elle en substitue soudain une autre qui n’a aucun titre particulier à s’attirer les foudre du violent, sinon qu’elle est vulnérable et qu’elle passe à sa portée. »p.11
« il convient de se demander si le sacrifice rituel n’est pas fondé sur une substitution du même genre, mais en sens inverse. l’immolation de victime animale détourne la violence de certains êtres qu’on cherche à protéger, vers d’autres êtres dont la mort importe moins ou n’importe pas du tout. Joseph de Maistre observe que les victime animales ont toujours quelque chose d’humain comme s’il s’agissait de mieux tromper la violence » p.12