La tragédie grecque et le tragique selon Vernant, par Ponchon Pierre

D’un miracle à l’autre : la tragédie grecque et le tragique selon Vernant, 

Ponchon Pierre, 

«  Cahiers  philosophiques, 4/2007 (N° 112), p. 26-41.

 

Pierre Ponchon, à travars la pensée de Jean Pierre Vernant, évoque le pharmakos comme bouc émissaire

Pierre Ponchon, à travers la pensée de Jean Pierre Vernant, évoque le pharmakos comme bouc émissaire

 

L’auteur écrit notamment page 31 : « Ainsi, Vernant a pu montrer, à partir de l’étude précise d’OEdipe Roi, comment le personnage d’OEdipe s’éclairait par la mise en perspective d’un arrière-plan institutionnel. Certaines fêtes comme les Thargélies, cérémonie d’expulsion du pharmakos, ou bouc émissaire, ou certaines pratiques comme l’ostracisme, même si elles ne sont pas ce dont il est question dans la pièce, permettent d’en comprendre certains enjeux majeurs. Car la pièce de Sophocle révèle aussi ce qu’il y a de tensions dans ces deux institutions qui mettent en jeu le rapport à l’infra humain et au supra humain et que l’Athénien de l’époque a comme arrière-plan mental. Il montre ainsi comment la cité tâche d’équilibrer certaines tensions anomiques par le jeu de ces deux institutions, et comment la tragédie en manifeste la puissance dangereuse. »

Il poursuit page 32 : « Il reste cependant des difficultés dans cette conception. On peut se demander dans quelle mesure l’arrière-plan demeure inconscient. Le rapport entre le pharmakos ou l’ostracisme et OEdipe n’est pas clairement expliqué. »

Et ensuite, toujours à la même page : « Certes l’œuvre ne se réduit pas à son contexte historico-sociologique : « Le pharmakos est un des termes limites qui permettent de comprendre le personnage tragique, il ne s’identifie pas avec lui.» Il n’empêche qu’une hésitation demeure sur le statut de cette explication historique et sociologique, et sur sa place par rapport à l’œuvre tragique. C. Meier l’a bien souligné : « Quelle est la portée réelle des structures de la pensée et de l’imaginaire ainsi mises au jour ? Dans quelle mesure ces structures ne forment-elles qu’un substrat inconscient? […] Tout cela me semble insuffisamment tiré au clair.» »

L’auteur conclut page 41 : « Dès lors, et paradoxalement, faute de chercher à comprendre le tragique pour lui-même et par lui-même, le psychologue historique se condamne à laisser place au miracle pour expliquer le saut entre les circonstances de sa naissance et la durée de son effet. La grandeur de Jean-Pierre Vernant est d’avoir senti ces difficultés et de ne pas avoir cherché à les cacher, comme si, autant que celles de la société grecque, la tragédie reflétait les tensions et les ambiguïtés de la pensée du psychologue historique. »

Bref, un texte à lire …. ici