La rivalité des égaux : une anthropologie politique girardienne, Jean-Marc BOURDIN

La rivalité des égaux : une anthropologie politique girardienne,

un article de Jean-Marc BOURDIN,

dans la revue Cités,

en 2013, vol. 53, no. 1, 2013, pp. 33-40.

 

Jean-Marc Bourdin analyse la rivalité des égaux : le mimétisme au cœur de la relation

 

L’article commence ainsi : « René Girard a proposé depuis un demi-siècle de nouveaux concepts pour une anthropologie fondamentale articulés sous le terme de théorie mimétique. Michel Serres a suggéré qu’il s’agissait pour les sciences humaines
d’une révolution comparable à celle provoquée par la théorie de l’évolution de Darwin en biologie1. Un psychiatre, Jean-Michel Oughourlian, y a vu, de son côté, l’équivalent de la mécanique newtonienne pour la psychologie2. Au fur et à mesure que des épigones s’en emparent, elle tend à se diffuser dans l’ensemble des domaines des sciences humaines, voire à les unifier en une  science des interactions humaines capable d’éclairer les mécanismes d’auto-organisation des formes sociales. »

On y lit dans le texte : « Girard laisse en effet à penser que la gamme des relations qui se nouent entre les entités, quelle que soit leur taille ou leur nature, et la manière dont elles s’enchaînent, sont limitées : imiter un modèle pour s’en inspirer et se laisser guider sa conduite, s’opposer à l’autre pour s’approprier un bien ou un prestige mutuellement convoité, rivaliser dans un duel de doubles au point d’en oublier l’enjeu initial, voir ces rivalités s’emballer dans une montée aux extrêmes pour finir par se focaliser sur une qui opposerait la totalité à un des protagonistes, se réconcilier autour de la mort ou de l’exclusion de victimes faites lors de tels affrontements, sélectionner au hasard victimes et détenteurs du souverain… Une dialectique de l’allégeance et de l’opposition, de l’exclusion et de l’intégration relierait alors souverain, gouvernés, opposants et opprimés.  »

Il se termine ainsi : « Pour Girard, dès La Violence et le sacré, « le monde moderne aspire à l’égalité entre les hommes et il tend instinctivement à voir dans les différences […] autant d’obstacles à l’harmonie entre les hommes »14. L’extension de sa théorie  pourrait peut-être nous aider à mieux articuler égalité souhaitable et différences nécessaires ? A ce stade, on ne peut bien sûr que s’interroger sur la possibilité et l’intérêt d’un oxymore pour dépasser la tension entre égalité et différence. Une égalité  différenciatrice serait-elle envisageable pour faire en sorte que le semblable que l’on prend pour modèle ne se retourne pas inéluctablement en obstacle à affronter ? A moins qu’il ne faille imaginer des différences égalisatrices comme les tenants des politiques de la reconnaissance semblent y inviter. Une théorie mimétique du politique nous aidera peut-être un jour à faire  quelques progrès en direction d’une si difficile conciliation. »

 

Pour lire l’article, La rivalité des égaux : une anthropologie politique girardienne, en entier : ici