Résurgence de la figure du bouc émissaire

Fanny BRASLERET,

« Résurgence de la figure du bouc émissaire : série policière de Daniel Pennac »,

Loxias, Loxias 3, sur REVEL (Revue en Ligne)

L’article commence par ceci : « Selon W. H. Auden, l’attrait du roman policier, comme celui de la tragédie grecque, « provient de la dialectique de l’innocence et de la culpabilité ». À partir du jeu sur les péripéties et reconnaissances défini par Aristote dans La Poétique, le critique met en écho les structures dramaturgique et policière. Il définit ainsi six étapes inhérentes au roman policier : l’état de paix antérieur au meurtre, l’homicide qui rompt cet équilibre, les faux indices et crimes secondaires, la solution, l’arrestation du meurtrier et l’état de paix qui s’ensuit. Par conséquent, le châtiment du coupable apparaît comme la condition sine qua non de la restauration de l’ordre social. Pourtant ce retour de l’harmonie demeure un leurre. En effet, lors de son investigation, l’enquêteur a mis à jour nombre de suspects. Et l’exégète stipule que les suspects « doivent être coupables de quelque chose car maintenant que l’esthétique et l’éthique sont en opposition, s’ils sont totalement innocents [c’est-à-dire obéissant à l’éthique], ils perdent leur intérêt esthétique et le lecteur ne leur prêtera plus attention. » »

Les Bla Bla du Bouc

 « En d’autres termes, le groupe désigne un bouc émissaire, homme ou animal qu’il substitue à la cause naturelle de la crise. » p.4

« Donc au paroxysme de la crise mimétique, c’est-à-dire lorsque les désirs tendent vers l’indifférencié, le bouc émissaire divise le  corps social puisqu’il devient l’objet des désirs de chacun. Dans un second temps, il joue un rôle d’unificateur. » p.5

 

L’article se termine par ceci : « Et si Daniel Pennac propose une transposition de l’essai girardien dans sa série policière, c’est certes pour préciser un concept inhérent au genre. Cette vulgarisation favorise la création d’une figure qui répond avec exactitude aux impératifs d’une production sérielle. Car par souci d’identification au lecteur, le héros récurrent doit être duel. Ainsi Superman est-il Clark Kent, un journaliste qui « incarne le lecteur moyen type »60. De même, Benjamin Malaussène personnifie à la fois l’homme ordinaire et l’archétype de la victime. Gageons que cette projection romanesque des travaux de l’anthropologue s’inscrit pleinement dans le programme pédagogique du romancier. Professeur de Français, Daniel Pennac souhaite divertir et éduquer le lecteur. L’intertextualité omniprésente dans sa série en atteste : le romancier accompagne son lecteur sur la voie de la découverte de la littérature, du cinéma, etc. Dès lors, en permettant à un lectorat plus vaste, en l’occurrence celui du roman policier, de déchiffrer les mécanismes sociaux mortifères et de prendre conscience de l’innocence des victimes de la violence collective, Daniel Pennac prolonge en quelque sorte l’œuvre girardienne. »

L’article complet : ici