L’identité du social et du religieux selon René Girard, Troisfontaines Claude.

Claude Troisfontaines,

In: Revue Philosophique de Louvain.

Quatrième série, tome 78, n°37, 1980. pp. 71-90;

L’identité du social et du religieux selon René Girard.

Claude Troisfontaines propose un article que l’identité du social et du religieux chez R Girard

p.73, l’auteur résume la thèse girardienne :  » Girard appelle «mécanisme fondateur» un processus en trois éta­pes : ébranlé par une «crise mimétique», le groupe expulse sa violence interne sur une «victime émissaire», et, après avoir retrouvé la paix, il «sacralise» cette victime. Pour bien saisir ce processus, il faut tout d’abord préciser les concepts d’«imitation» et de «désir». »

plus loin :  » Une fois la victime éliminée, le groupe retrouve comme par enchan­tement son unité. La violence, en s’étant concentrée sur un seul, est comme exorcisée. »

il poursuit (p.75) sur : « la «sacralisation de la victime». Selon Girard, le groupe est incapable de se rendre compte de la nature purement sociologique du mécanisme de la violence. C’est à la victime elle-même qu’il va attribuer la paix recouvrée. De maléfique, celle-ci est devenue bénéfique; de poison, elle est devenue remède. La victime mise à mort apparaît dès lors comme «sacrée» et elle devient le garant de l’ordre social. Il s’agit bien évidemment d’une mystification mais celle-ci est invincible pour la conscience primitive. »

 p.79, il évoque le lien entre victime émissaire et interdits : « C’est donc bien le «mécanisme de la victime émissaire» qui permet de rendre compte à la fois de la genèse et de la fonction de l’interdit de l’inceste et plus généralement des autres interdits dans une société : ces interdits ont pour rôle d’écarter. la «mimésis» qui a entraîné le meurtre. »

plus loin, à la même page : « (…) mais le sacrifice a un trait spécifique : il n’a pas simplement pour rôle de faire passer une colère, il poursuit avant tout une utilité sociale : détourner la violence des êtres chers en la dirigeant sur une victime qui n’est pas susceptible de déclencher des représailles. »

p.85, cet élément essentiel sur la fonction du rituel : « Le rituel en effet reproduit, à échelle réduite, le phénomène collectif qui jadis a produit la résolution de la crise. Il joue donc sur l’efficacité de ce phénomène et se situe dès lors dans le prolongement de la logique du mécanisme fondateur. »

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Le résumé proposé par la revue :

Selon Girard, la société repose sur un « mécanisme » d’expulsion d’une victime arbitraire. Cette hypothèse permet de rendre compte — d’après lui — non seulement du religieux primitif (avec ses interdits et ses rites) mais aussi de toute la culture humaine (et notamment des systèmes juridique et politique). Seul le texte judéo-chrétien mettrait radicalement en question ce qui est au fondement de l’ordre social, à savoir le « sacrifice ». On peut cependant se demander si l’identification que Girard opère entre le social et le religieux ne procède pas d’un principe très massif — qui est qu’une utilisation même restreinte de la violence ne change rien à la violence originaire — et si l’hypothèse ainsi présentée n’écrase pas les différences que l’auteur lui-même met en évidence lorsqu’il décrit les diverses institutions sociales.