Les identifications narcissiques

Les identifications narcissiques comme mécanismes initiateurs de l’indifférenciation secondaire,

Jean-Bernard CHAPELIER,

dans la Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, publié en 2002, dans son numéro 38, pages 99-111.

Couverture de la revue de psychothérapie psychanalytique de groupe intitulée Narcissismes en groupe, narcissisme de groupe

L’article commence par ceci : « L’indifférenciation est un thème récurrent chez les auteurs qui se sont intéressés à la vie affective des groupes. Cette notion d’indifférenciation recouvre pourtant des réalités différentes ; il en est ainsi du monde fusionnel décrit par W.R. Bion sous le terme de protomental, de l’illusion groupale (de D. Anzieu), période au cours de laquelle chaque membre du groupe se sent identique à l’autre, ou encore du simple sentiment d’appartenance à un groupe qui impose que chaque membre du groupe abandonne une part de son originalité en reconnaissant qu’il partage des éléments communs avec les autres (que ce soit l’idéal du moi pour S. Freud, ou des remaniements identificatoires à l’intérieur du groupe, comme le propose A. Missenard). Or, il nous semble que ces différents états ne sont pas de même nature et, en caractérisant l’indifférenciation en l’associant aux diverses formes de l’identification, nous pouvons préciser ce que nous observons dans la clinique. »

Et se termine par ceci : « Le fantasme d’« auto-engendrement » est un des fantasmes organisateurs de l’adolescence (en remplacement de la scène primitive). Selon nous, ce fantasme aide à abandonner l’investissement libidinal (sexualisé) familial de type œdipien (transgénérationnel) au profit d’un investissement sexuel de type homogénérationnel. Ce fantasme dénie en même temps la castration, la scène primitive et la différence des sexes, mais il développe transitoirement ce que nous appelons l’homophilie (2001). Remarquons aussi que ce fantasme d’auto-engendrement vient rendre compte et donner un sens à l’apparition de la sexualité génitale mature, car toutes les transformations de la puberté sont bien auto-engendrées. L’organisateur différenciateur dans la famille et donc chez l’enfant est la différence de génération et secondairement la différence des sexes alors qu’à l’adolescence c’est l’inverse, le groupe se réorganise à partir de la différence des sexes et du réinvestissement sexuel avant d’accepter les différences de génération.

Pour conclure, nous pourrions dire qu’il existe plusieurs niveaux d’indifférenciation (ou de différenciation), et que pour passer d’un niveau à l’autre (plus élaboré ou intégratif), les groupes font appel à des processus psychiques hétérogènes (fantasmes originaires, opérateurs groupaux, instances, types d’identifications, groupes internes…). Cependant, ce travail est facilité par la fonction tiers du psychothérapeute, tiers médiateur mais aussi quelquefois tiers exclu, ce qui nécessite une mobilité et une disponibilité psychique, qui lui permettent d’ajuster la distance entre lui et le groupe. »

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