Le néolibéralisme, bouc émissaire du malaise scolaire

Un article de François DUBET,

dans la Revue PROJET, intitulée Ecole catholique : école publique ?,

publié en 2013/2, n°333, pages 13 à 21.

Couverture de la revue PROJET intitulée École catholique : école publique ?

 

Le plan de l’article :

  1. L’ombre du « complot » néolibéral
  2. De l’école pour tous au chacun pour soi
  3. Fausse ruse et vrai combat
  4. Pour une vraie réforme de l’école
    1. Abolir la compétition
    2. Offrir une formation de qualité
    3. Réduire l’emprise des diplômes
    4. Rénover le projet éducatif

 

Le texte commence par ceci : « Le mal qui ronge notre modèle scolaire aurait une cause : le néolibéralisme. Pour le sociologue François Dubet, cette croyance sert d’alibi à l’institution scolaire, publique ou privée sous contrat, l’empêchant de remettre fondamentalement en cause la compétition permanente qu’elle encourage. Il s’est installé en France un récit largement partagé selon lequel les transformations et les problèmes de l’école auraient une cause commune, un principe du mal à l’origine de tout : le modèle néolibéral. Tout se passe comme si la vieille institution scolaire, dans ses versions républicaine et catholique – qui se ressemblent plus qu’on ne le croit souvent –, était érodée et menacée par un modèle venu d’outre-Atlantique et des agences internationales comme l’OCDE et la Banque mondiale. L’institution serait soumise à la régulation marchande. L’élève, autrefois perçu comme un citoyen en formation, serait remplacé par un consommateur éclairé. L’autorité de l’enseignant ne dériverait plus du savoir. Les connaissances et la culture seraient « marchandisées », réduites à leur seule utilité… »

Et se termine par ceci : « Partout, l’école se heurte à des pratiques et à des problèmes qui semblent relever de l’installation insidieuse d’un modèle néolibéral auquel il serait difficile de résister sans s’arc-bouter sur la défense d’une institution sanctuarisée et en se protégeant de l’envahissement des demandes sociales qui accompagnent fatalement la démocratisation de l’accès à l’école. Dans ce récit, le néolibéralisme est le dieu caché qui organise les malheurs de l’école de la même manière que la mondialisation économique affaiblit les vieilles industries européennes. Non seulement cette interprétation des transformations et des problèmes de l’école prend les conséquences pour les causes, mais elle conduit vers des combats inefficaces et souvent pervers quand ils bloquent l’esprit de réforme. La rhétorique de l’opposition au néolibéralisme scolaire et de la défense d’une institution parée de toutes les vertus est alors le plus sûr moyen d’assurer le triomphe du néolibéralisme réel. »

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