Le bouc émissaire : le double rite

Hyam Maccoby, « Le bouc émissaire : le double rite », Pardès 1/2002 (N° 32-33) , p. 135-145.

 

Couverture de la revue Pardès intitulée La Bible et l'Autre

Avec un remarquable texte sur le rituel narré dans le Lévitique

 Le texte commence par ceci : « Le rite du bouc émissaire, tel qu’il est décrit dans le Lévitique 26, ne comporte pas un mais deux boucs. Un est tué tandis que l’autre s’enfuit dans le désert. Le rite du bouc émissaire comprend donc une dualité ; mais les auteurs tiennent à ignorer cette dualité. Plutôt que de prêter attention à l’aspect dramatique du rite, avec ses doutes concernant le bouc qui vivra et celui qui mourra, les deux boucs sont en quelque sorte télescopés en un seul et même rôle. Si l’on insiste un peu, ces auteurs admettront qu’« il existe deux types de représentations de boucs émissaires, le premier se rapporte à la mort et le deuxième à l’expulsion. Ce sont tout simplement d’autres méthodes de déplacement de culpabilité que les rédacteurs du texte ou peut-être les organisateurs du rite ont combiné dans le but de concilier les changements au sein des traditions qui accomplissent ce déplacement de culpabilité ».

Et se termine par ceci :  » Dans le judaïsme donc, le rituel des deux boucs est une double transformation de la pensée sacrificielle primitive. Tout d’abord (par la théorie biblique sur la division du travail des rôles des deux boucs), il renie le mécanisme primitif de transfert de culpabilité du sacrifice vers l’exécuteur sacré ; et ensuite, il renie même l’efficacité du transfert des péchés vers l’animal qui est banni. L’exil du bouc Azazel devient tout au plus un symbole du repentir de la communauté, qui envoie de manière symbolique ses péchés dans des contrées au-delà de sa responsabilité partagée. Le drame des deux boucs en est devenu presque méconnaissable. Pourtant dans le christianisme le drame apparaît à nouveau. Il y a un transfert non-métaphorique de la culpabilité globale de la communauté vers le bouc sacrifié, Jésus. Et il y a un transfert total de culpabilité pour le crime spécifique de la mort de Jésus par Judas et les Juifs, qui deviennent le bouc Azazel dans sa signification la plus primitive. »

 

« Bouc émissaire, le double rite », texte complet : ici