Management et bouc émissaire (2)

Bouc émissaire et management

La place du manager dans la résolution du
phénomène du bouc émissaire

Etude de Cas :
« Inquiétudes à l’IME : exclusion du jeune perturbateur »

dans le cadre d’une formation : Fonctionnements et dysfonctionnements
en Institution
Le bouc émissaire en Institution

à partir des préconisations
de Rémi CASANOVA
et de l’Observatoire du Bouc émissaire et des
violences institutionnelles

Étude de Cas :  lire le document bouc émissaire et management (2)

 

Management et bouc émissaire : l'Observatoire propose une étude de cas à des managers

Management et bouc émissaire : des managers travaillent sur une étude de cas

Le plan du document :

1) Appliquez au choix l’une ou l’autre des méthodologies de compréhension des fonctionnements en Institutions (déconstruction et/ou grille de lecture par le bouc émissaire).

2) En tant que directeurs, quelles réponses pourriez-vous apporter au phénomène, en amont, au cours et en aval du développement de la situation ?

3) En tant que professionnels réflexifs, quel retour critique pouvez-vous faire sur les méthodologies proposées ?

 

Conformément à la méthodologie préconisée, les directeurs abordent dans leur document quelques questions clés :

* En quoi y a-t-il rivalité mimétique ? (point 3 du document)
* Quels sont les signes victimaires du bouc émissaire ? (point 4 du document)
* En quoi la victime focalise-t-elle une violence suffisamment forte et unanime ? (point 5 du document)
* En quoi y a-t-il substitution ? (point 7 du document)
et la question toujours particulièrement délicate :
* En quoi y a-t-il ritualisation du processus ? (point 10 du document)

On y trouvera également l’intéressant début de réflexion sur la transgression des interdits fondateurs :

Nous repérons la transgression des trois interdits symboliques en institution :
• L’interdit du meurtre symbolique :

Le meurtre symbolique se définit comme ce qui va empêcher la mission de l’institution de pouvoir s’exercer. On observe dans cette situation, comme meurtre symbolique, le déni de l’équipe envers l’éducabilité de Piketto. L’équipe n’a de cesse de lui refuser son action médico-éducative. Il s’agit d’un déni professionnel de l’IME envers l’usager.
Symboliquement, on dénie à Piketto son existence en tant qu’usager d’IME : il n’a pas « le profil d’un IME », « c’est des assistantes sociales et des éducateurs de la PJJ dont il a besoin », « il est sacrément différent des autres celui-là », il n’est pas un cas de « handicap classique ». Plus encore, sa présence semble représenter un danger, une menace. Ses actes, avérés ou non (racket, tentative de vente de MP3 à des « trisomiques », dégradation de matériel), sont perçus comme des périls pour l’institution et pour les autres jeunes: « quand il n’sera plus là, celui-là, on pourra enfin travailler pour de vrai, faire ce pour quoi on a été embauché, arrêter de faire la police, pouvoir enfin s’occuper de nos »vrais » jeunes à nous ». Pour finir, comme le dit le directeur: « on n’a presque rien essayé…. ».
Enfin, l’éducateur référent de Piketto dénie aux autres professionnels leur capacité d’éducabilité puisque, à partir du moment où il a été en difficulté, il a influencé ses collègues contre ce jeune.

• L’interdit de l’inceste institutionnel :

La situation vient questionner la capacité d’ouverture de l’institution. Confrontée à la difficulté du cas de Piketto, l’institution devient omnipotente et s’autolimite.
Piketto, parce que « sacrément différent des autres », vient directement questionner la professionnalité de l’équipe. Son comportement apparaît si peu habituel par rapport aux autres jeunes, qu’il désoriente voire interroge les habitudes, les pratiques et les ressources professionnelles dans l’IME. Piketto pourrait plutôt être perçu comme un défi, une épreuve médico-éducative à relever. Il pourrait être l’opportunité pour l’équipe de défricher de nouvelles voies, de créer des moyens alternatifs de prise en charge et d’éviter le danger de la sclérose de l’institution. Or, son cas est vécu comme une défiance à leur professionnalité. Piketto pose la question de « l’entre soi » symbole d’un inceste professionnel d’une équipe qui, préférant penser son action « en elle », s’empêche de rechercher des ressources « hors d’elle » (partenariat complémentaire), ce qui aurait été,
pour elle et les jeunes accueillis, une opportunité d’innovation et d’enrichissement professionnel.

• L’interdit du parasitage :

Il semble qu’un parasitage des missions soit visible au travers d’une volonté d’ hyper-spécialisation de l’équipe sur un profil type IME « handicap classique ». Pour autant,
le jeune Piketto ne semble pas être une erreur d’orientation. Ainsi, l’équipe a exprimé que « vouloir sauver tout le monde, c’est pas dans nos missions » et que « c’est des assistantes sociales et des éducateurs de la PJJ dont il a besoin ». Cette incapacité a prendre en compte toutes les problématiques du jeune (déficience légère et transgression de la loi) sans vouloir s’ouvrir sur l’extérieur rejoint la transgression de l’interdit d’inceste institutionnel. On observe également un parasitage des rôles et places de chacun dans la volonté de l’équipe de s’approprier le pouvoir de décision du directeur, en décidant de l’exclusion du jeune et en délaissant sa mission première qui est d’éduquer les jeunes handicapés mentaux légers avec troubles du comportement.

Et puis la justification du choix méthodologique :

Nous avons fait le choix d’utiliser la méthodologie de la grille de lecture par le bouc émissaire car cette dernière nous offre une certaine rigueur méthodologique apportant des repères face à la déclinaison du processus, (…).