Cité grecque et lapidation, Michel Gras

Contribution au recueil « Du châtiment dans la cité, supplices corporels et peine de mort dans le monde antique », Publications de l’École française de Rome, 1984, pp.75-89.

Une contribution très utile à notre réflexion à plusieurs titres, pas seulement au regard de la logique d’exclusion du bouc émissaire ou la phase d’emballement mimétique du processus, mais aussi de la logique de réconciliation qui est la finalité du phénomène.

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La lapidation, hier comme aujourd’hui, prend des formes multiples.

Le résumé sur Persée : À la suite d’une tentative d’explication consacrée à la lapidation des Phocéens près de Cerveteri narrée par Hérodote (I, 167), on a tenté de situer le rituel de la lapidation dans le fonctionnement de la cité grecque archaïque. La lapidation s’insère dans la vie de la cité : expression du peuple contre l’individu, elle permet d’écrire un chapitre de l’histoire de la tyrannie. Le jet de pierre annonce enfin certains mécanismes de la démocratie.

Extrait : « Disons – le clairement : il y a des lapidations qui n’utilisent pas la pierre et qui n’en sont pas moins significatives, bien au contraire : les agrafes des manteaux (Hérodote, V, 87), les bracelets et les boucliers pour lapider Tarpeia (Plutarque, Romulus, 17; Tite-Live, I, 11 et Properce, 4, 4), les stylets (Sénèque, De dementia, III, 13), les raves (Suétone, Vespasien, 4) et les immondices (Suétone, Vitellius, 17) sont autant d’instruments occasionnels pour des lapidations authentiques. »

Extrait : « C’est la mort du pharmakos ionien qui fait de la lapidation le symbole de la volonté d’expulsion.(…) Certes d’autres procédés sont utilisés pour faire disparaître le pharmakos (lequel d’ailleurs n’est pas toujours tué, mais parfois simplement expulsé, comme à Athènes) : on citera en particulier la précipitation, attestée à Marseille16. Mais on peut dire que c’est alors que se dégage, dans toute sa plénitude, la portée du rituel : le bouc émissaire est lapidé par l’ensemble de la cité ; il prend sur lui toutes les calamités ; il emporte avec lui tous les maux qui sont ainsi fixés. La lapidation permet de ce fait la purification (κάθαρσις) de la cité. »

Extrait : « On lapide pour chasser le Mal : mais si le rituel n’est pas pratiqué selon les normes, si on lapide par erreur ou par haine injuste alors le Mal revient et sévit. (…) On lapide pour chasser le Mal et, dans cette logique, on lapide le messager de mauvaises nouvelles : les Athéniens mettent à mort avec les agrafes de leurs vêtements le messager annonçant le désastre d’Athènes contre Égine (Hérodote, V, 87); déjà les Lyciennes avaient lapidé le guerrier annonçant la mort de leurs maris devant Troie (Quintus de SmyrneX, 150); les habitants de Carrhes lapident l’homme venu annoncer la mort de l’empereur Julien (Zosime, III, 34, 2). »

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