chapitre 5 : Quand le bouc émissaire fait silence

chapitre 5 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes

Quand le bouc émissaire fait silence.

 Préambule

Françoise-Marie NOGUES et Rémi CASANOVA

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« Nous savons déjà que le silence est fréquent dans le phénomène du bouc émissaire, qu’il se situe à de nombreux niveaux et qu’il concerne de nombreux éléments du processus : silence de la victime qui, une fois affaiblie, n’a plus de voix pour dénoncer les accusateurs, par crainte ou peur, parfois par ignorance de ce qu’elle subit, par culpabilité également. Silence des accusateurs, des persécuteurs qui ne se vantent que rarement, même entre eux, de ce qui se passe. S’ils accusent parfois ouvertement la victime, ils font silence, par ignorance le plus souvent, sur les causes profondes qui les meuvent. Silence des spectateurs, qui n’osent défendre la victime surtout une fois que les accusations et les accusateurs se déchaînent. Peut-être pensent-ils que prendre prématurément la défense de la victime, c’est prendre le risque de lancer la discorde au sein du groupe »

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Françoise-Marie Noguès présente le Préambule du chapitre 5 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes,

Préambule du chapitre 5 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes, « Quand le bouc émissaire fait silence ».

« En effet, par ce qu’il ne peut pas dire, le bouc émissaire renvoie à la mythologie institutionnelle, au mythos originel dans ses parts déjà en germe de mystère, de mutisme et de mensonge. Et de là découle une loi silencieuse qui, à l’origine, n’est prescrite ni par un homme, ni par un roi, ni même par un dieu mais par le processus d’organisation des chaos initiaux : le silence d’une interdiction mystérieuse qui vise à sauver l’homme des périls qu’il se doit d’ignorer sous peine d’y succomber. En cela, d’une certaine manière, le bouc émissaire crie ses silences. »

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« Des études anthropologiques aux savoirs sur les comportements institutionnels, sociaux et individuels, il devient possible d’éviter certains silences complices ou coupables, pièges qui mènent à la désignation du bouc émissaire puis qui permettent d’ouvrir de nouvelles voies ; »

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Le bouc émissaire ou l’éclipse du tabou,

Rémi CASANOVA

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« Il existe encore une substitution des plus importantes, car fondatrice ou plutôt refondatrice. Le développement du processus voit en effet, dans un premier temps, se déliter l’institutionnel, le culturel, le politique. Ce délitement prend fin au moment où le bouc émissaire est désigné. S’amorce alors un chemin inverse, celui de la reconstitution du politique, du culturel et de l’institutionnel. »

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« Le mot tabou possède des acceptions multiples. Ce n’est certainement pas une vaine coïncidence si

Quand le bouc émissaire fait silence, chapitre 5, Rémi Casanova

Rémi CASANOVA présente « Le bouc émissaire ou l’éclipse du tabou ». Il évoque la double -hibition du mécanisme qui explique la place des tabous dans le processus.

Georges James Frazer a occupé un rôle majeur à la fois dans la vulgarisation du terme tabou[1] et dans la reconnaissance du bouc émissaire comme phénomène quasi universel (Frazer, 1926). »

[1]Il consacre, dans la neuvième édition de l’Encyclopœdia britannica (1875-1889), un bref article à traiter du système du tabou qui introduit le terme et installe sa connaissance dans la société occidentale.

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Rémi Casanova, bouc émissaire et silence des tabous, livre sur le concept de bouc émissaire dirigé par F-M Noguès

Rémi Casanova, bouc émissaire et silence des tabous

« Le tabou se trouve alors dans le carcan d’une double « -hibition »[1] : il provoque et convoque une inhibition et une prohibition ; l’inhibition de la personne et la prohibition d’un objet. »

[1]Du verbe latin : habere, avoir, tenir.

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Déjouer l’exclusion dans les institutions de Protection de l’enfance : deux analyses de pratique

Philippe PETRY

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« Ces interventions constituent une tentative d’accompagnement et de soutien, un « effort de saisie de sens fait ou à faire dans la pratique, qui s’opère en situation » (Barus-Michel, 1987, p. 127). Elles portent sur la mise en mouvement et en question des positions professionnelles figées, dans une démarche de recherche de sens possible au travail. Elles relèvent de la psychologie sociale clinique et de l’approche psychanalytique des groupes[1].

[1]Ces approches se réfèrent aux travaux du CEFFRAP (Anzieu et Kaës) et du CIRFIP, elles sont

Déjouer l’exclusion dans les institutions de Protection de l’enfance : deux analyses de pratique,

Quand le bouc émissaire fait silence, Philippe PETRY propose de « Déjouer l’exclusion dans les institutions de Protection de l’enfance « 

aussi éclairées par les travaux de la clinique de l’activité (Clot et Schwartz.)

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« À la pause au milieu de l’intervention, les adultes sortent pour fumer, deux d’entre eux fument dans l’ouverture de la grande baie coulissante, un pied dedans, un pied dehors. Quelques adolescents rentrent dans l’unité. Je pose la question : « Que peuvent penser les adolescents qui passent ? » Je dois insister sur la nécessité de fermer la porte quand nous travaillons, car ils peuvent nous entendre. »

Philippe Pétry, auteur d'une contribution sur le bouc émissaire et l'accompagnement d'équipes

Philippe Pétry, bouc émissaire et accompagnement d’équipes

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« Le secteur de la protection de l’enfance connaît une reconfiguration généralisée de ses missions et de son organisation depuis la mise en œuvre de la loi de 2007 et la promotion de recommandations de bonnes pratiques produites par l’Agence Nationale de l’Évaluation Sociale et Médico-Sociale (Petry, 2011). »

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