Bouc émissaire : trois postures essentielles

Les trois postures essentielles pour éviter le développement du phénomène bouc émissaire.

Au niveau individuel, l’émulation.

Bouc émissaire : trois postures pour l'éviter

Bouc émissaire, les trois postures essentielles : émulation, coopération, symbolisation…

Au niveau collectif, la coopération.

Au niveau institutionnel, la symbolisation.

De notre point de vue, il est fondamental de reprendre les trois niveaux qui permettent, par strates, de comprendre le phénomène dans une interaction des surdéterminations. Il est de même fondamental de mettre en lien ces trois niveaux avec les trois postures que nous préconisons. On n’oubliera pas que ces trois niveaux sont toujours eux-mêmes surdéterminés par le niveau sociétal.

Reprenons en quelques mots, les trois termes de cette équation particulièrement efficace.

L’émulation représente la capacité à chercher à devenir meilleur que soi-même plutôt que meilleur que ses pairs. Elle nécessite de la part de celui qui est engagé dans cette démarche d’éviter les comparaisons hâtives et systématiques aux autres qui développeraient les jugements de valeur et les  concurrences aussi inutiles que délétères. En voyant chacun se dépasser, chacun tente davantage encore de se dépasser soi-même.

La coopération représente au niveau collectif la nécessité de considérer l’autre dans les compétences particulières qu’il a acquises et qu’il développe. La coopération s’entend dans une dynamique de projet, propice à la cohésion et à la cohérence des équipes professionnelles. C’est bien la participation de chacun à l’œuvre commune dans le respect des places, des rôles, des fonctions et des statuts qui autorise la coopération réussie. Pour l’individu, il s’agit aussi de cultiver sa différence dans la proximité. Ainsi, il montre à la fois son appartenance au groupe (donne des gages qui rassurent les autres membres du groupe) et affirme la nécessité pour le groupe de le considérer à travers des éléments que, lui seul, apporte.

La symbolisation représente de la part de l’institution et de ses dirigeants la capacité à créer des dynamiques et des événements qui permettent d’éviter l’incarnation réelle de la victime émissaire. Nous avons développé par ailleurs l’idée que le bouc émissaire le plus abouti serait celui qui, de substitution en substitution permettrait la disparition du phénomène lui-même. Les grands événements fédérateurs, commémoratifs ou projectifs sont notamment de cette nature.

Il s’agit, par ces postures, de mettre en oeuvre ce que préconise René Girard dans son livre  Je vois Satan tomber comme l’éclair (p.32) :

« la meilleure façon de prévenir la violence consiste non pas à interdire des objets, ou même le désir rivalitaire, (…), mais à fournir aux hommes le modèle qui, au lieu de les entraîner dans les rivalités mimétiques, les en protégera. »

Ces trois postures, inscrites sur le plan organisationnel trouvent leur pendant sur le plan psycho-affectif : empathie, au niveau individuel ; compassion au niveau collectif ; ritualisation au niveau institutionnel. Ces trois nouvelles postures renvoient à des dispositions inséparables d’un « apprentissage transformateur » qui concerne les affects. En effet, le mécanisme du bouc émissaire construit des états affectifs qui méritent d’être travaillés selon une transformation qui aboutirait à ces dispositions mises en actes. On passerait ainsi de d’un sentiment délétère à l’empathie, etc.

 

 

Bouc émissaire, émulation, coopération, symbolisation

Bouc émissaire, les postures pour l’éviter !