Bouc émissaire, le concept en contextes : les victimes de harcèlement

Les victimes de harcèlement moral sont-elles des boucs émissaires du monde du travail contemporain ?

une contribution rédigée par Pascale Desrumaux, Pascal Malola et Éric Dose

dans le chapitre Du diagnostic des maux aux pistes et postures de soin,

chapitre 8 du livre Bouc émissaire : le concept en contextes, dirigé par Rémi CASANOVA et  Françoise-Marie NOGUES,

publié aux PUS, en novembre 2018

 

Le texte commence par ceci :

« Le monde du travail a beaucoup changé, car au-delà de la pénibilité, concept reconnu depuis des décennies, sont apparus collatéralement aux changements organisationnels et managériaux consécutifs à la mondialisation et à l’intensification du travail, les « risques psychosociaux ». De plusieurs types, leurs causes sont essentiellement sociétales et organisationnelles (mondialisation, facteurs économiques, sociaux, technologiques, management…). Ces risques psychosociaux et notamment le harcèlement moral qui touche en moyenne un salarié sur 10 mettent en péril la vie des salariés » 

et se termine par ceci :

« Dans le cas du harcèlement, le but est d’abord de faire souffrir les personnes et de les utiliser comme récipiendaire des tensions et de la haine. Dans le monde du travail aujourd’hui, il est important de garder à l’esprit, outre la dimension sacrificielle en termes de santé et parfois de vies ôtées, la notion temporelle. En fait, la présence de personnes maltraitées et susceptibles de l’être chaque jour, parce que tenues à disposition par le mécanisme de harcèlement, a une fonction d’évacuation des tensions et du mal. Ceci permet de comprendre la nécessité de maintenir la dépendance et de placardiser dans les entreprises .»

On y trouve notamment :

« Lorsque le harceleur présente des troubles du type perversion, la responsabilité est considérée comme plus importante parce que les juges ont pris en compte l’intention et la volonté de détruire davantage que la contrôlabilité. Enfin, cette responsabilité du harceleur est diminuée, donc légitimée, dans un climat organisationnel basé sur les règles et les procédures. »

« Plutôt que de sacrifier comme c’est le cas du bouc émissaire, au moment de la crise, on marginalise quelqu’un. L’exclusion est expliquée par la différence de la victime alors qu’en réalité, la seule vraie différence est le fait d’être exclu. »

« Il existe aussi des points de divergences entre harcelé et bouc émissaire : le dernier stéréotype n’est pas nécessairement présent. En effet si une violence souterraine peut être identifiée, il n’y a pas passage à l’acte du collectif, ni lynchage. Il s’agit plutôt d’une exclusion (phase 4 du processus). »

                                                                        

Pascale Desrumaux

Professeur de psychologie du travail à l’Université de Lille, elle est spécialiste des questions de qualité de vie, risques psychosociaux et santé au travail.

Pascal Malola

Doctorant en Psychologie à l’Université de Lille (PSITEC – EA 4072) et membre de l’Axe de Recherche « Rapports sociaux et organisations », sa thèse a pour titre « Impact du harcèlement moral, du sentiment de justice, du soutien social sur l’engagement et la détresse psychologique au travail ».

Eric Dose

Doctorant en Psychologie à l’Université de Lille (PSITEC – EA 4072) et membre de l’axe de recherche « Rapports sociaux et organisations », sa thèse a pour titre « Incidence et variables individuelles et du contexte sur les pratiques de counseling ».

Pascale Desrumeaux, co-auteur

Eric Dose, auteur d'une contribution sur le harcèlement et le bouc émissaire

Eric Dose, co-auteur

Pascal Malola, coauteur dans le livre dirigé par Rémi Casanova et Françoise-Marie Noguès : bouc émissaire, le concept en contextes

Pascal Malola, coauteur