La différence. Identités culturelles : enjeux, débats et politiques

Un livre de Michel WIEVIORKA, publié chez Balland, en 2001.

 

différence, bouc émissaire, Michel Wieviorka

La table des matières :
Introduction : De l’analyse à l’action / La place des sciences sociales / La notion de culture
I. La naissance du débat
1. Différence culturelle et injustice sociale : Deux vagues / Deux modalités d’émergence / Une objection / Identités collectives et individualisme / Les identités dans l’espace
2. Le moment de la philosophie politique et morale : Commencements / Liberals et Communitarians / La question du sujet / Un débat épuisé
3. Différence collective ou mélanges ? Deux approches / Retour aux identités collectives / Le métissage / Mélange culturel et pratique sociale
4. Le multiculturalisme : Le multiculturalisme intégré / Le multiculturalisme éclaté /Débats et controverses
II. L’analyse de la différence
5. : Reproduction et construction de la différence : Une typologie / Les minorités laminées /Les minorités  » premières  » / Les minorités  » involontaires  » / Les migrants primo-arrivants / L’identité des populations issues de l’immigration / Du vécu personnel à l’identité collective
6 : La production des différences : Deux conditions complémentaires / Le renversement du stigmate / Identités sans douleurs ? /
7. Le triangle de la différence : Les trois composantes de la différence / Une configuration idéale… / Difficultés de circulation / Les configurations de la différence
8. Culture, identité, mémoire : La mémoire et le sujet / Mémoire et histoire
Conclusion

Il est question, pages 29-30 :  » Nous tenons certes la connaissance concrète, et par conséquent l’analyse sociologique pour une priorité. Mais il n’en reste pas moins que les questions qui nous occupent ont parfois été thématisées au préalable par des intellectuels plus ou moins coupés de l’expérience vécue au sein de la société. Cette situation ne les a cependant pas toujours empêchés de proposer de nouvelles catégories ou de percevoir le caractère décisif de certains enjeux. Dans d’autres cas, ces questions se voient formulées à l’occasion d’initiatives purement politiques, pour des raisons qui, à la limite, restent étrangères au problème de la différence. On pense notamment à la recherche de boucs émissaires quand il est question d’imputer à l’immigration un contexte de difficultés économiques dont elle se révèle en fait bien plus victime que responsable. Nuançons – ou compliquons – un instant encore ces remarques. Elles ne sauraient en effet être généralisées à l’excès. De fait, la communication entre ces différentes sphères opère aussi de bas en haut : d’importants débats d’idées, telle action de lobbying ou encore telle modification intervenant dans le droit ou dans le fonctionnement de la vie politique peuvent également être irrigués par des revendications de type culturel, des affirmations et des demandes identitaires, par le jeu des réactions qu’elles suscitent ou par celui de leur concurrence mutuelle. On le voit, il est urgent d’apporter de l’ordre et de la clarté dans le maquis des problèmes soulevés par la poussée des différences culturelles. Mais sans doute convient-il, au préalable, d’apporter quelques éclaircissements sur la notion même de culture. »

La quatrième de couverture :  » Dans ses manifestations comme dans ses significations contemporaines, le défi lancé par la poussée des identités culturelles possède désormais une épaisseur historique de près d’un demi-siècle. Depuis les années 60, il interpelle de l’intérieur les démocraties dites occidentales auxquelles sont pour l’essentiel consacrées les analyses de cet ouvrage. Ce défi met aussi à l’épreuve les dictatures, les régimes autoritaires et les totalitarismes, en particulier lorsqu’il renvoie à une affirmation religieuse interdite ou persécutée, ou encore à une lutte de libération nationale. Et il taraude bien des pays du « quatrième monde », sous la forme de mouvements religieux, nationalistes, ou bien encore de combats qui relèvent de ce qu’on appelle parfois l’« indigénisme ». Face à ce défi, nous ne pouvons plus nous contenter de balbutier des hypothèses sommaires, d’esquisser des raisonnements hâtifs et mal étayés. Nous ne sommes plus au seuil d’une phase faite d’inconnues : nous sommes engagés de plain-pied dans des conflits, des tensions et des transformations que nous savons d’ores et déjà ni éphémères ni mineurs – ce qui ne veut évidemment pas dire que leurs expressions soient stabilisées, ni leur sens fixé sur le long terme. Trois types de débats méritent donc examen. Les uns s’intéressent directement aux acteurs se réclamant d’une identité culturelle. D’autres discussions relèvent de la philosophie politique. Enfin, la pratique politique et institutionnelle a été marquée dans certains pays par la mise en oeuvre du multiculturalisme, innovation majeure qui a suscité d’importantes controverses. M. W.« 

Le livre commence par ceci : « Est-il question d’identité, de différence, de particularismes culturels – et le débat s’enflamme. On le constate immanquablement, qu’il s’agisse d’aborder un thème ou un ensemble de problèmes spécifiques, comme ceux liés à l’Islam, ou de formuler des interrogations diffuses ou plus générales sur les valeurs universelles et leur respect. 

À l’évidence, tout ici n’est pas neuf De tous temps, des tensions et des violences ont accompagné l’expérience de l’altérité et de la différence. Ce livre entend pourtant insister sur la nouveauté de cette expérience telle qu’elle se développe depuis le milieu du XXe siècle pour s’inscrire aujourd’hui au cœur de profondes mutations de la vie collective. D’où notre propos : suggérer des outils conceptuels afin d’aborder ces changements et de penser la place de la différence culturelle dans les rapports sociaux comme dans les relations inter-sociétales. Ces relations, en effet, ne peuvent plus être analysées en termes exclusivement internationaux ou interétatiques. (…) »

Vous pouvez télécharger le livre sur le site des Classiques des sciences sociales : ici

Le compte-rendu qu’en fait Serge Lellouche pour Sciences humaines : ici